Sur la planche - la BD dans tous ses états

GalExpo2425_BD_Site.jpg

L’exposition « Sur la planche - la BD dans tous ses états », accessible en mars et avril dans la galerie du rectorat, met en lumière la créativité des élèves de l’académie de Créteil (77-93-94) engagés avec leurs professeurs dans différents dispositifs autour de la BD en classe.

Pour la dernière exposition dans ces locaux, c’est la bande dessinée dans tous ses états qui nous réunit, et qui montre la force des projets interdisciplinaires. Professeurs d’arts plastiques et de lettres bien sûr, mais également d’histoire-géographie, de mathématiques, documentalistes, du premier degré… accompagnent nos élèves vers des modes d’expression aussi riches et variés.

Vous pourrez notamment y découvrir les remarquables productions de lauréats cristoliens au Concours de la BD scolaire 2024 du Festival international d'Angoulême ou encore celles issues de partenariats avec des structures culturelles d’envergure (Ateliers Médicis, Fondation Lafayette Anticipations, Musée du Louvre).

En travaillant en collaboration avec des artistes et des opérateurs spécialisés en bande dessinée, l'académie de Créteil accompagne les équipes enseignantes pour susciter l’engouement des élèves, de la maternelle à la terminale. 

Plébiscitée par les jeunes lecteurs, la bande dessinée constitue l’un des genres littéraires majeurs de l’édition. À la croisée de la littérature et des arts visuels, elle permet l’étude du scénario, de la narration, de la planche et du dessin.

La découverte par les élèves du 9e art stimule leur goût pour la lecture et l’écriture, développe leur imagination, leur inventivité et encourage la pratique du dessin à l'école, tout en permettant la mise en œuvre de projets pluridisciplinaires, en associant par exemple, au collège, le professeur d'arts plastiques et le professeur de français pour un travail conjoint autour de l'image et du processus de création littéraire.

Le vernissage comme si vous y étiez

On n'est pas sérieux quand on lit de la BD ?

Une idée reçue consiste à voir dans la bande dessinée une version simplifiée d’un récit. Elle intéresse pourtant autant le professeur de français (voire les professeurs documentalistes) et plus largement tous les lecteurs y compris les confirmés. La multiplication des adaptations de textes littéraires jugés difficiles, de reportages ou d’essais sous forme de bande dessinée illustre bien cette tension entre une forme d’accès à des sujets nobles et l’illusion de la facilité. 
La BD ne se résume pas, en effet, à un dessin à bulles. Son histoire comme ses tendances esthétiques, tout au long du XXe et encore aujourd’hui, accordent la primauté au récit. Le dessin n’y est donc pas une simplification, mais un instrument de mise en récit. On dessine des actions et les paroles des personnages pour raconter. 

Cette définition est pour les enseignants un premier ancrage de légitimité : le professeur de français enseigne l’écrit et les techniques de l’écrit – on peut aller jusqu’à dire, la grammaire de l’écrit mais aussi la grammaire de la mise en récit ; le documentaliste organise et permet l’accès aux genres de l’écrit en tant que production de savoir (textes documentaires, presse), de culture (classiques, éléments du patrimoine culturel) ou d’imaginaire. 
Le lien entre texte et image est central en BD même quand il est fluctuant. La place quantitative du texte est surtout liée à l’esthétique narrative développée par tel ou tel auteur. Certains d’entre eux font des choix graphiques très exigeants pour le lecteur peu faciles d’accès, tant dans les thèmes que dans la narration, et préfèrent se passer entièrement de texte. Qu’une BD doive contenir beaucoup de texte pour être sérieuse est donc une autre idée reçue.

La BD offre d’autres spécificités : les onomatopées (représentation graphique des sons) et les emanata (émotions dessinées, par exemple par trois petites gouttes près de la tête d’un personnage pour exprimer sa peur ou son étonnement). Elles confirment l’entrelacement indépassable du texte et de l’image : elles ne sont ni texte seulement ni véritablement image, elles ne font pas sens en dehors de l’image comme texte, ni en tant qu’image associée à quelque texte que ce soit.

En outre, le dessin s'organise sur la planche en jouant plus ou moins avec le format du gaufrier (douze cases, en quatre strips de trois cases) hérité des classiques franco-belges du XXe. La succession des cases (à l'horizontale) et ses strips (à la verticale) organise la narration, chaque séparation entre ces unités constituant autant d'ellipses. À l’intérieur même de la case, le temps de l’action est perceptible. La bande dessinée, avant tout, est un art graphique et narratif à la fois. 

Voici donc défini un élément fondamental pour déterminer ce que peut être à l’école l’étude d’une BD : l’étude d’un genre narratif, dont la spécificité peut constituer un enjeu de lecture, mais aussi l’étude d’une expression culturelle (puisque ce sont des récits et donc des générateurs d’imaginaire) particulière, avec ses codes et son histoire. Sa lecture comme le travail de création sont donc des détours fructueux pour travailler les compétences centrales que cherche à développer l’École. 

Des artistes en herbe

La narration visuelle est l'art de communiquer une histoire, un message ou une information à travers des éléments visuels. Dans le programme des arts plastiques, elle constitue l’un des questionnements permettant aux professeurs la conception de séquences d’enseignement ouvertes par le développement de la pratique plastique.

Cette exposition présente un petit échantillon des travaux menés par des élèves, qui accompagnés par leurs professeurs d’arts plastiques, ont expérimenté concrètement le champ des possibles que la narration visuelle invite à découvrir. Les notions (forme, espace, lumière, couleur, matière, geste, support, outil, temps…) constituent le vocabulaire de l’expression artistique dont nos élèves se sont emparés pour mener à bien ces réalisations.  

Mise à jour : avril 2025